< Hawksley Workman : l'interview >

     Il le dit lui-même, en France il est presque devenu culte. C'est ici en effet qu'il a su toucher un public avide de songwriters de qualité. C'est incontestable, les chanteurs à guitare ça plait beaucoup en France. On dit même qu'il se serait expatrié de son Canada natal -celui de Sum41 et Avril Lavigne, pas celui de Celine Dion (quoique ça se vaut)- pour venir vivre ici. Et notre "néo-dandy" sait garder son public fidèle puisqu'en quatre années il a déjà sorti quatre albums. Si Lover/Fighter, son dernier en date, délaisse quelque peu les complaintes solitaires et la soul/folk c'est pour mieux appuyer son côté rock et pop efficace duquel ressort une collection de tubes imparables. Comme il le dit si bien : "We Will Still Need A Song". Avec lui on n'est pas prêt d'en manquer !

- Peux-tu nous expliquer le titre de ton dernier album : Lover/Fighter ?
J'écris toujours à propos de conflits et celui-ci est pour moi le conflit le plus moderne et actuel, le conflit de la passion et de l'agression.

- En ce moment tu es plutôt Lover ou Fighter ?
C'est difficile à dire.... je dirais que je suis dans une humeur plutôt "fighter".

- Tu joues de tous les instruments sur tes albums, as-tu un instrument préféré pour composer ? De quelle façon composes-tu ?
Je composes toujours sur différents instruments, entre la guitare, la piano ou la batterie, parce que je pense que chacun apporte un caractère différent pour l'écriture. Mon père était batteur et la batterie est mon premier instrument, ça reste mon instrument de prédilection et il m'arrive souvent de composer à partir de rythmes.

- Quels rapports as-tu avec ton groupe ? est-ce que tu n'es pas tenté de composer en groupe des fois ?

Le groupe est comme une famille pour moi. Je pense que sans ce groupe, être sur la route serait très long et ennuyeux. Quand tu partages tous les soirs la musique avec les autres musiciens c'est vraiment un lien fort qui se crée. Nous sommes unis par ce même amour pour la musique, c'est une joie de jouer ensemble. Effectivement j'ai déjà pensé à composer en groupe mais je pense que l'écriture et la composition sont vraiment un exercice solitaire et le fait de jouer ensemble apporte une énergie importante qu'il est difficile d'approcher seul. Un jour j'espère arriver à mélanger cette expérience solitaire d'écriture et l'énergie du jeu de groupe.

- N'as tu jamais pensé à travailler avec un producteur ou des personnes extérieures sur tes albums ?
J'aimerais...peut-être... Mais comme je disais avant c'est vraiment une expérience personnelle d'être en studio. Et être jugé par soi-même d'un côté, et par d'autres personnes de l'autre côté, ça rajoute peut-être finalement plus de pression. Personnellement je préfère "l'auto jugement". Pour moi il est plus facile de rester fidèle à mes objectifs en n'écoutant que moi et pas les autres avis.

- J'ai cru comprendre que tu produisais divers artistes canadiens, peux tu nous en parler un peu ? Et qu'est ce que ça t'apporte personnellement ?
La production est pour moi l'opportunité d'exprimer mon opinion musicale à travers la voix d'un autre. Je peux ainsi travailler sur plusieurs albums dans l'année, car j'ai beaucoup de passion et d'énergie, je ne peux me contenter de m'occuper seulement de mes albums. C'est bien d'avoir d'autres éléments, d'autres approches de la musique. C'est aussi un moyen d'apprendre plein de trucs qui pourront être utiles plus tard pour soi.


- Contrairement à la plupart des songwriters, tes textes semblent assez extravertis, ouverts, parfois impulsifs....
Vraiment ? (rires).... Pour moi les paroles sont très importantes. J'essaie juste de célébrer la beauté et les plaisirs simples pour créer un univers romantique. Je ne m'enferme pas sur moi-même, il est vrai que je porte un regard sur le monde qui m'entoure et qu'ansi je construis le mien.

- Ton discours plutôt direct sur le single We Still Need A pop Song, n'a t'il pas posé de problème de censure ? (cf. le "fuck you" dans la chanson).
Au Canada, ils ne passent pas la chanson à la radio car c'est vraiment une société puritaine d'influence anglaise. Le discours est direct mais je pense qu'au moins il est clair. J'adore la musique pop mais je pense que les quinze dernières années ont vraiment été très faibles en qualité musicale. Cette chanson c'est un peu une façon de dire "redonnez nous de bonnes chansons".

- En a peine 4 ans tu as sorti 4 albums ! Tu n'es donc jamais en panne d'inspiration ?
Est-ce que je dors ? (rires)... J'ai eu beaucoup de chance d'avoir les moyens et le soutien que j'ai pour faire de la musique. Je peux faire de la musique tous les jours sans qu'on vienne me déranger, donc forcémment je compose beaucoup. Même quand j'écris un album je pense toujours au prochain. Avec Lover/Fighter j'ai déjà établi de grosses bases pour le prochain, je dois avoir environ 25 chansons. (devant notre stupéfaction il rigole). Un jour je pourrai dormir ! (rires).

- Comptes-tu maintenir ce rythme ?
Je ne pense pas au travail, et je ne dis jamais non. Le Music Business c'est pas un truc de confort, c'est une lutte et une histoire de survie. C'est motivant dans le sens où si tu ne veux pas perdre ce que tu as construit tu dois continuer, être productif pour ne pas tomber dans l'oubli.

- A tes débuts on te comparait à Bowie; avec ton nouvel album c'est plutôt U2 qui revient comme référence. Que penses-tu des ces compraisons ? Es-tu d'accord ?
Je pense que les journalistes sont paresseux. Mais pour honnête ça me touche car ceux à qui on me compare sont des artistes honorables. Ca me flatte même si dans le fond ce n'est pas forcément exact. Si j'étais comparé à Sum41 ce serait un problème ! (rires)

- Tu as écrit des chansons pour Jane Birkin et Johnny Halliday. Les as-tu rencontrés personnellement ?
Tu veux la vraie histoire ou la fausse ?

- La vraie !
(rires) Non....La vraie histoire c'est que je n'ai rencnoté ni l'un ni l'autre et il se trouve que

Jane Birkin ne va pas chanter ma chanson. Pour Johnny, j'ai fais la chanson, il l'a écoutée, il a aimé. Mais il ne semblait pas être au studio pendant l'enregistrement de son album. (rires) Il arrive pour chanter ses parties mais c'est son producteur qui fait le plus gros du travail.

- Et comment sont venues ces propositions ?
C'est bizarre parce qu'en France je suis devenu un peu "culte" (rires). Et d'une certain façon, ça fait "cool" d'avoir un songwriter canadien, anglophone qui contribue à l'album d'une légende de la chansons française. Je pense que c'est cet aspect qui les a motivés.

- En me renseignant sur ta bio j'ai lu que tu avais été dans une école de claquettes, dans une autre bio jai lu que ceci était faux. Quelle est la part de vérité dans ce que tu dévoiles sur toi ?
Je faisais du breakdance pendant les fêtes d'anniversaire et je draguais et dansais dans les clubs gay mais maintenant je joue juste de la guitare et je prend du plaisir à chanter et jouer de la musique.

- Euh là c'est vrai ?
Oui ! (Ndlr : mmhh oui enfin personnellement je reste sceptique)

- Ne cherches tu pas finalement à entretenir une sorte de mystère autour du personnage ?
Le monde manque de mystère et c'est un grand problème. La télé-réalité et la rapidité des medias ne laissent plus de place pour le romantisme et le mystère. Le mystère est vraiment nécessaire pour moi.

- On parle souvent des tes concerts comme une expérience inoubliable. Que t'apportes personnellement le fait de jouer tes chansons en live ?
C'est la meilleure drogue du monde. Jouer en live c'est créer une communauté et moi en tant qu'artiste je ne suis pas plus important que le public. Tout le monde contribue à construire quelque choses ensemble. Je pense que quand l'artiste et le public se rencontre ça peut être une véritable expérience spirituelle

- Pour finir peux tu nous parler de la reprise de Joy Division que l'on trouve en bonus sur l'album.
Je suis arrivé au studio au nord de Paris, où j'enregistre assez souvent, et le gars qui accordait le piano et qui était aveugle finissait son travail. Ca a du provoquer en moi un déclic, je me suis mis au piano et j'ai commencé à jouer alors que ça enregistrait et j'ai trouvé que c'était plutôt cool et je l'ai enregistré en deux/trois heures. C'est une de mes chansons préférées des années 80. Je voulais vraiment la mettre sur l'album, on l'a donc rajoutée en bonus.


- Est-ce une expérience que tu vas renouveler ?

Oh oui ! Pas de Joy Division par contre... d'ailleurs à vrai dire c'est la seule chanson du

groupe que j'aime vraiment. Mais j'ai déjà fais d'autres reprises qui sont sorties sur des versions différentes des albums ou en face B. Mais il est possible que je fasse un album entier de reprises. .... d'Avril Lavigne ! (rires) Non j'rigole ! Mais il y a tellement de bons artistes... Enfin je vais faire quelque chose de vraiment "canadiens" donc restez à l'écoute !

- Interview réalisée à l'Astrolabe Orléans - 10 Mars 2004 - propos recuillis par Xtasy
Merci à Jean-Baptiste du label Mercury, à la manageuse d'Hawksley, à l'équipe de l'Astrolabe et surtout à Brynn pour la traduction. ;-)
le site officiel : http://www.hawksleyworkman.com

RETOUR